La Première dame de Côte d'Ivoire, également présidente du Conseil national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants, a profité de la tribune de la 28e réunion de partenariat de la Fondation Mondiale du Cacao qui s’est tenue à Abidjan, les 26 et 27 octobre 2016, pour procéder à l'ouverture de cette session spéciale consacrée à l'élimination des pires formes de travail des enfants. Une occasion pour celle qui a fait de l’élimination des pires formes de travail des enfants, une priorité nationale de revenir sur les progrès réalisés depuis la signature en 2001 du protocole Harkin-Engel, destiné à lutter contre le travail des enfants dans la cacaoculture.
Lors de son discours d'ouverture, Dominique Ouattara a tenu à rappeler l'importance du protocole Harkin-Engel, également appelé protocole sur la culture et le traitement des fèves de cacao. Ce texte constitue le cadre institutionnel de référence des efforts de l'industrie du cacao dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants.
En Côte d'Ivoire, la question du travail des "enfants du cacao" est particulièrement sensible. Le pays est en effet le premier exportateur mondial de cacao : il représente environ 40 % du marché mondial, avec en moyenne 1,5 million de tonnes de production par an. Le nombre d'enfants qui travailleraient dans le cacao ivoirien serait compris entre 300 000 et un million. Ces enfants, véritables esclaves des planteurs, sont parfois enlevés à l'insu de leurs parents à l'âge de 12, 13 ou 14 ans. C'est un véritable réseau mafieux qui opère sur les terres ivoiriennes et alentours. Que ce soit en bus, à moto ou en taxi, les trafiquants cherchent à transporter un maximum d'enfants lors d'un trajet en direction des plantations ivoiriennes. Une fois arrivés à destination, ces "passeurs" reçoivent de la part du planteur, une somme avoisinant les 230 EUR par enfant.
Entre 2012 et 2014, 4000 enfants ont été secourus et arrachés aux griffes des trafiquants. Une bien maigre victoire au regard de l'ampleur du trafic. Pour endiguer ce fléau, le pays redouble pourtant d'efforts. En témoigne la récente mesure visant à rendre l'école obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans.
Des chiffres préoccupants
Malgré des initiatives nationales prometteuses et une tendance à la baisse au niveau mondial, les chiffres sont toujours inquiétants : selon les dernières données de l'Organisation internationale du travail (OIT), on co
En dépit de leurs progrès récents, l'Asie-Pacifique et l'Afrique restent les plus touchées : en 2012, on comptait respectivement 78 et 59 millions d'enfants au travail, dont 33 et 29 millions, à des postes dangereux (mines, usines, etc.)
La nature du travail varie grandement selon les continents, mais aussi selon la tranche d'âge et le sexe. 68,4 % des enfants qui travaillent de manière illégale sont employés par leur famille et ne sont pas rémunérés. Seuls 22,5 % occupent des emplois salariés et 8,1 % sont considérés comme des travailleurs indépendants. Les plus jeunes sont souvent enlevés à leur famille pour servir de domestiques, notamment en Asie-Pacifique. En revanche, les plus âgés servent principalement pour des travaux physiques, dans les mines ou les usines. Pour ce qui est des différences liées au genre, les filles, bien plus que les garçons, se retrouvent souvent esclaves de réseaux de prostitution en tout genre.
Les entreprises ont leur part de responsabilité
Derrière le travail des enfants se cachent certes des familles dénuées de ressources, mais aussi des multinationales en recherche de profits et de main-d'oeuvre bon marché. Quid de leur responsabilité ? Si les entreprises donneuses d'ordre ne peuvent pas être tenues responsables juridiquement dans leur pays d'origine, certaines adoptent volontairement des codes de conduite éthique.
C'est le cas de Nike qui, après avoir fait les frais d'une campagne dénonçant les mauvais traitements dans ses usines, a publié la liste détaillée des conditions de travail pratiquées dans ses 704 usines de sous-traitance à travers le monde. Par ailleurs, dans un rapport intitulé "Responsabilité d'entreprise", la multinationale disait vouloir "faire preuve de transparence" et "encourager" d'autres entreprises à se joindre à ses "efforts de coopération".
Malheureusement, face à l'absence de sanctions juridiques réelles, les entreprises restent pour l'heure assez peu enclines à s'imposer d'elles-mêmes des règles éthiques comptabilisait en 2000, 264 millions d'enfants, âgés de 5 à 17 ans, "en situation de travail" dans le monde. En 2012, ce nombre était de 168 millions, ce qui, malgré une nette diminution, représente tout de même un enfant sur dix... Et même avec une baisse de 86 millions depuis 2000, le nombre d'enfants qui réalisaient des travaux dangereux mettant "directement en péril leur santé, leur sécurité et leur développement moral" s'élevait encore à 85 millions en 2012...
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